Le président français Emmanuel Macron a confirmé sa candidature à la réélection par une “lettre aux Français” jeudi soir.

Dans sa lettre de 1 000 mots publiée sur les sites de la presse quotidienne régionale, Macron écrit que « nous vivons des bouleversements d’une rapidité sans précédent : menaces sur nos démocraties, montée des inégalités, changement climatique, transition démographique, transformations technologiques. Ne nous y trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant de nous retirer ou en cultivant la nostalgie, c’est en regardant le présent avec humilité et lucidité, en ne renonçant à rien de notre audace, de notre volonté et de notre goût pour l’avenir que nous réussirons. L’enjeu est de construire la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance.

« C’est pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République. Je suis candidat pour inventer, avec vous, une réponse française et européenne unique aux défis du siècle. Je suis candidat pour défendre nos valeurs, qui sont menacés par les bouleversements du monde. Je suis candidat pour continuer à préparer l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Pour nous permettre aujourd’hui et demain de décider par nous-mêmes », a-t-il ajouté.

Le chef de l’Etat, actuellement mobilisé par la guerre en Ukraine, a attendu le dernier moment pour officialiser sa candidature à un second mandat, que les candidats doivent officialiser avant vendredi soir.

A 38 jours du premier tour, Macron est ainsi officiellement devenu président-candidat et pourra donner le coup d’envoi d’une campagne perturbée par l’invasion russe de l’Ukraine.

Macron est le dernier candidat à se déclarer et sa décision d’attendre a été vivement critiquée par ses rivaux, qui l’ont accusé de faire campagne secrètement à travers son rôle et donc de ne pas respecter les règles de campagne.

“Nous avons tenu bon”

L’invasion de l’Ukraine, a-t-il lui-même reconnu mercredi soir dans un discours sur la guerre, “a impacté notre vie démocratique et la campagne électorale”.

La guerre a aussi un impact sur les sondages, qui montrent qu’elle favorise le sortant, comme c’est souvent le cas en temps de crise.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a huit jours, il a gagné plusieurs points dans les intentions de vote, les sondages lui donnant 27-28%, une dizaine de points devant sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen (RN) , qui creuse l’écart avec Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête !).

La majorité des Français approuvent l’action de Macron depuis le début du conflit, selon les sondages.

Avant le début de cette crise, il était déjà haut dans les intentions de vote, largement devant ses adversaires, récoltant également les fruits de sa gestion de la pandémie de COVID-19 et de sa politique du « quoi qu’il en coûte », généralement saluée par les Français.

Macron a déclaré dans sa lettre que “rarement la France a été confrontée à une telle accumulation de crises” qu’au cours des cinq dernières années, citant la pandémie mais aussi le terrorisme et la guerre en Europe.

“Nous avons tenu bon et n’avons jamais abandonné”, a-t-il écrit, défendant son bilan à la tête du pays. Il a vanté que “le chômage a atteint son plus bas niveau en quinze ans”, et a déclaré que des investissements avaient été faits dans les hôpitaux et la recherche ainsi que dans les forces de l’ordre. Il a également défendu sa décision de baisser les impôts.

Il a toutefois concédé que “nous n’avons pas tout réussi. Il y a des choix qu’avec l’expérience que j’ai acquise avec vous, je ferais sans doute différemment”.

Mais il a affirmé que « les transformations entreprises au cours de ce mandat ont permis à beaucoup de nos compatriotes de mieux vivre, et à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c’est la voie qu’il faut suivre ». suivi.”

Écoles, impôts et écologie

Il a déclaré que ses priorités au cours du prochain mandat seraient d’investir dans l’éducation pour lutter contre les inégalités, de réduire davantage les impôts et de stimuler les investissements dans la recherche et le développement “afin de placer la France à la pointe de secteurs tels que les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries , l’agriculture, le numérique et l’espace, qui façonneront l’avenir et nous permettront de devenir une grande nation écologique, la première à être libérée de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.”

Il a également déclaré qu’il entendait défendre “notre singularité française” qui, selon lui, “c’est promouvoir une certaine manière d’être au monde”.

L’annonce de Macron n’est pas une surprise car lui-même y a fait plusieurs fois allusion et toute son équipe de campagne n’a pas caché que tout était prêt.

Mais il a noté qu’il “ne pourra pas faire campagne comme je l’aurais souhaité à cause du contexte”.

“Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crise le point de départ d’une nouvelle ère française et européenne”, a-t-il ajouté.

S’il remporte le second tour le 24 avril, il aura réussi un exploit jamais réalisé dans l’histoire de la Ve République : être réélu au suffrage universel direct sans sortir d’une période de gouvernement sans majorité, comme François Mitterrand et Jacques Chirac l’avait fait.

Mais sa position de favori reste fragile. De récents sondages le montrent vainqueur du second tour face à tous ses adversaires, dont la mieux placée Marine le Pen, mais avec une avance moindre qu’en 2017.