Les salariés grévistes de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Normandie ont voté à l’unanimité la reconduction de l’action syndicale.

Cette décision fait suite à l’annonce du gouvernement d’utiliser ses pouvoirs d’urgence pour forcer les travailleurs essentiels à reprendre le travail à la raffinerie de Gravenchon-Port-Jérôme dans le nord-ouest de la France, suite aux menaces de réquisition du gouvernement mardi.

“Face à la poursuite de la grève d’une partie du personnel de Port-Jérôme en Normandie, le gouvernement lance la réquisition des travailleurs indispensables au dépôt”, a déclaré un responsable du ministère de l’énergie.

Des actions syndicales liées aux salaires ont paralysé le travail dans six des sept raffineries de carburant du pays, entraînant des pénuries d’essence et de gazole, exacerbées par les achats de panique des chauffeurs.

Mais les représentants du syndicat CGT affirment qu’ils iront en justice pour faire annuler la réquisition.

“Il faut savoir qu’on va se battre contre ça parce que ça remet clairement en cause le droit de grève. Nous disons, malheureusement, que nous ne sommes plus dans un état de droit et de liberté”, a déclaré Christophe Aubert, coordinateur syndical CGT de la gauche dure du groupe Exxon Mobil.

“Notre droit de grève est attaqué frontalement, mais nous ne nous laisserons pas faire”, a-t-il ajouté.

Les travailleurs qui refusent de reprendre le travail risquent des amendes ou des peines de prison.

“Personne n’a reçu de réquisition. On est en grève, on est dans le cadre du protocole, c’est-à-dire qu’on rentre pour finir d’arrêter les unités, mais pas de réquisition pour le moment”, a déclaré Gil Villard, secrétaire syndical CGT chez Esso-Fos.

Deux des raffineries en grève appartiennent à Esso Exxon-Mobil, tandis que son rival TotalEnergies possède les quatre autres.

Selon le syndicat CGT, les grévistes de Totalenergies ont renouvelé leur demande d’une augmentation de salaire de 10 % en fonction de l’inflation et de la hausse des factures d’énergie.

Il a qualifié la réquisition de “choix de la violence”, ajoutant qu’elle conduirait le syndicat à suspendre “sa participation aux réunions avec le gouvernement et les chefs d’entreprise pendant cette période”.

Jusqu’à présent, le gouvernement avait été réticent à enflammer le conflit, mais il était également conscient de la frustration croissante et des dommages économiques causés par les conducteurs qui passent des heures à faire la queue aux stations-service.

Les partis politiques de gauche ont promis de manifester dimanche contre la crise du coût de la vie.

J’espère que ce sera l’étincelle qui déclenchera une grève générale”, a déclaré Sandrine Rousseau, députée du parti des Verts.

Le président Emmanuel Macron cherche à faire passer une réforme des retraites très controversée d’ici la fin de l’hiver, malgré les avertissements de certains alliés sur le risque de grèves et de manifestations.

Les syndicats et les partis politiques de gauche ont promis d’essayer de bloquer la réforme, qui verrait l’âge de la retraite passer de 62 à 64 ou 65 ans.

La pénurie de carburant a particulièrement touché les automobilistes à Paris.

Certains départements ont également mis en place un rationnement à la pompe avec un maximum de 30 € de carburant par réservoir.