Le gouvernement français va invoquer l'article 49.3 pour forcer le Parlement à adopter le budget.

Le porte-parole du gouvernement français, Olivier Veran, a déclaré que l’outil constitutionnel controversé sera “probablement” utilisé mercredi. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)

L’impasse souligne la position affaiblie du président Emmanuel Macron depuis que son parti centriste a perdu sa majorité aux élections législatives du printemps dernier, quelques semaines seulement après sa propre réélection.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a déclaré que le Premier ministre Elisabeth Borne invoquerait “probablement” l’article 49.3 de la constitution mercredi, ce qui mettrait fin au débat et adopterait le budget 2023 sans vote.

“Pour l’instant, nous allons voir comment les débats avancent” après plusieurs séances houleuses depuis la semaine dernière, a déclaré Véran à la télévision France 2.

En cas d’utilisation de l’article 49.3, les opposants de gauche et d’extrême droite devraient appeler à un vote de défiance pour forcer la démission du gouvernement.

Ce vote a toutefois très peu de chances de passer, puisque les Républicains de centre-droit ont déjà déclaré qu’ils ne se joindraient pas à une tentative de faire tomber l’administration de Macron.

Mais les opposants de tout le spectre politique se sont emparés de la bataille du budget, imposant des amendements tels qu’une taxe sur les “super-dividendes” des entreprises et une nouvelle “taxe de sortie” sur les personnes qui déplacent leur fortune hors de France – que Macron a abolie lors de son premier mandat.

Cela prépare également un combat plus important sur la réforme des retraites de Macron qui repousserait l’âge de la retraite à 64 ou 65 ans, qu’il veut promulguer dans les prochains mois.

Le recours à l’article 49.3 exposerait Macron à des accusations d’abus de pouvoir du Parlement – bien qu’en fait cet article soit relativement régulièrement utilisé par les présidents français, le gouvernement de François Hollande l’a utilisé six fois pendant sa présidence et celui de Jacques Chirac huit fois.

“Il faut donner une chance à ce débat, d’autant plus que les Français n’aiment pas vraiment le 49.3. Ces outils, comme les réquisitions, doivent être utilisés avec prudence”, a déclaré Borne aux législateurs du parti LREM de Macron mardi, selon un participant.

La semaine dernière, le gouvernement a ordonné aux employés grévistes des raffineries de TotalEnergies de reprendre le travail dans certains dépôts de carburant afin d’atténuer les pénuries qui provoquent d’énormes attentes dans les stations-service du pays.

M. Veran a déclaré que d’autres “réquisitions” de ce type pourraient avoir lieu si la grève se poursuit, mais il a refusé de commenter les demandes des travailleurs pour une augmentation de salaire de 10 pour cent, en disant que “ce n’est pas au gouvernement de s’impliquer dans les débats sur le travail dans une entreprise privée”.