Olaf Scholz et Emmanuel Macron

Le chancelier allemand Olaf Scholz avec Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas et le président français Emmanuel Macron à Prague le 7 octobre. Photo : picture alliance/dpa/CTK Deml Ondøej

Le report de la réunion régulière organisée alternativement par l’un et l’autre cabinet a mis en évidence un fossé croissant entre les deux puissances de l’UE, et intervient alors que l’Europe lutte pour faire face à une crise de l’énergie et du coût de la vie déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le porte-parole du chancelier Olaf Scholz, Steffen Hebestreit, n’a pas voulu s’étendre sur les sujets sur lesquels les gouvernements n’ont pas pu se mettre d’accord.

Mais il a reconnu qu'”il y a un certain nombre de questions différentes que nous traitons en ce moment… sur lesquelles nous ne sommes pas encore parvenus à une position unifiée.”

Les deux parties ont donc décidé qu’il était “raisonnable” de reporter à janvier les pourparlers qui devaient initialement être organisés par la France.

Scholz aura néanmoins des entretiens bilatéraux avec le président français Emmanuel Macron en marge du sommet européen qui débute jeudi, a déclaré Hebestreit, ajoutant que les deux hommes pourraient également se rencontrer mercredi prochain à Paris.

La France et l’Allemagne ont souvent essayé de présenter un front uni dans une myriade de crises, mais ces dernières semaines, les critiques ont éclaté au grand jour sur des questions allant de l’énergie à la défense.

“Il y a toujours eu des moments de désaccords, mais là, c’est plus sérieux”, a déclaré Jacques-Pierre Gougeon de l’Institut français des affaires internationales et stratégiques.

Points de discorde

Après l’annonce par le gouvernement Scholz d’un plan d’aide de 200 milliards d’euros pour protéger ses entreprises et ses consommateurs de la flambée des prix de l’énergie, M. Macron a prévenu que le programme risquait d’entraîner des “distorsions” dans le bloc.

“Si nous voulons une approche cohérente, ce ne sont pas des stratégies nationales qu’il faut adopter mais une stratégie européenne”, a soutenu Macron dans une interview publiée lundi par le quotidien français Les Echos.

La France a pourtant, au niveau national, instauré un plafonnement des prix de l’énergie.

Berlin a également été accusé de bloquer au niveau européen un plafonnement des prix du gaz, dont il craint qu’il n’incite les consommateurs à économiser l’énergie, aggravant ainsi la situation.

La France, cependant, qui souffre d’une pénurie d’électricité en raison de l’arrêt de plusieurs de ses centrales nucléaires, a fait pression en faveur de ce plafonnement.

Entre-temps, Berlin n’a pas apprécié le manque de soutien de Paris à sa tentative de relancer le projet de gazoduc Midcat, qui relie le Portugal, l’Espagne, la France et l’Allemagne.

Tout en apportant un soulagement immédiat à l’approvisionnement en gaz du continent, l’Allemagne espère également que le gazoduc pourra être utilisé à l’avenir pour transporter de l’hydrogène.

La France évite le Midcat en raison de son coût, et estime qu’il n’est pas nécessaire car le pays dispose déjà de suffisamment de terminaux de gaz naturel liquéfié sur ses côtes.

Sur les questions militaires, le récent succès de l’Allemagne, qui a réussi à rallier 14 membres de l’OTAN à son projet de bouclier aérien, a irrité la France qui envisage un plan distinct.

Paris conteste le projet de l’Allemagne d’acheter un système de bouclier aérien israélien plutôt que de chercher une solution européenne, car la France développe son propre système de défense antimissile avec l’Italie.