Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour préparait dimanche son premier meeting politique en tant que candidat officiel à la présidence française, après le lancement controversé de sa campagne la semaine dernière.

La police et d’autres observateurs craignent que son rassemblement, dans un centre d’exposition à Villepinte au nord de Paris, ne soit entaché d’affrontements avec des contre-manifestants.

La réunion intervient cinq jours après qu’il se soit finalement déclaré candidat avec une vidéo de campagne chargée de rhétorique anti-immigrés et d’avertissements catastrophistes sur l’avenir.

Samedi, son équipe a dévoilé le slogan officiel de la campagne : “Impossible n’est pas français”, une citation attribuée à Napoléon. Zemmour, un écrivain de 63 ans et commentateur politique à la télévision, compte sur une forte participation dimanche pour montrer qu’il est un candidat crédible pour détrôner le président Emmanuel Macron.

Il a travaillé dur pour se démarquer de la leader d’extrême-droite Marine Le Pen. Et alors que les Républicains de droite ont choisi samedi la modérée Valérie Pecresse comme candidate à la présidence, il s’est mis au travail pour courtiser ceux qui, parmi ses membres, ont fait le choix d’un candidat d’extrême droite.
qui avaient soutenu un leader plus dur.

Dans une lettre ouverte aux partisans d’Eric Ciotti, candidat défait au second tour des Républicains, il les a invités à se joindre à lui lors du rassemblement de dimanche. “Nous sommes si proches et avons tant de choses en commun”, a-t-il écrit.

Contre-manifestation

Olivier Ubeda, un membre senior de l’équipe de Zemmour, a déclaré que 19 000 personnes s’étaient déjà inscrites pour le rassemblement de dimanche, qui devait initialement avoir lieu dans une grande salle parisienne.

Il a été déplacé dans un centre d’exposition au nord de la capitale en raison de ce qu’il a dit être la montée de l’intérêt pour Zemmour mais aussi, a-t-il dit, pour des raisons de sécurité. Une contre-manifestation a été annoncée à Paris pour dimanche.

Un groupe d’environ 50 associations, groupes syndicaux et partis politiques, a appelé à la manifestation contre Zemmour – qui a été condamné pour incitation à la haine raciale, et dont le programme est anti-islam et anti-immigration.

Une source policière a déclaré à l’AFP que la manifestation et le rassemblement de Zemmour à Villepinte étaient considérés comme des points de tension possibles.

La police attend plusieurs milliers de manifestants à la manifestation de Paris contre Zemmour, et quelques centaines de militants d’extrême gauche à Villepinte, où ils craignent des affrontements avec les partisans de Zemmour.

Stéphane Troussel, le président socialiste de la région de Seine-Saint-Denis qui couvre Villepinte, a lancé une pétition pour tenter de convaincre les propriétaires du centre de conférence d’annuler le meeting de Zemmour.

Dans un article d’opinion publié dans le Journal du Dimanche, M. Troussel a souligné les convictions de M. Zemmour : “La République n’est pas un régime neutre. Le racisme n’est pas une opinion mais un délit”.

Reculs

Zemmour a attendu plusieurs mois avant de déclarer officiellement sa candidature la semaine dernière, menant une sorte de campagne virtuelle en parcourant le pays pour promouvoir son dernier livre. Alors qu’en septembre et octobre, il a obtenu de bons résultats dans les sondages d’opinion, il a depuis semblé perdre son élan.

Lorsque mardi, il a finalement confirmé qu’il se présentait, la vidéo de campagne qui l’accompagnait a été critiquée par l’ensemble du spectre politique. Et après avoir été mis sur la sellette le même soir dans le journal télévisé de TF1, il a accusé le journaliste Gilles Bouleau de “fraude intellectuelle” pour avoir cité ses livres “hors contexte”.

Cet affrontement n’est que le dernier d’une série de revers pour la campagne de Zemmour. Une organisation caritative britannique a annulé un événement qu’il avait prévu à Londres. A Genève, plusieurs centaines de manifestants se sont présentés lors de son apparition.

Dans son pays, il a également reçu un accueil hostile dans le port méditerranéen français de Marseille la semaine dernière, où des manifestants l’ont obligé à modifier son programme. Les photographies d’un échange de gestes obscènes avec un manifestant n’ont guère contribué à améliorer son image.