L’acheteur potentiel d’un tableau “envoûtant” du XVIIIe siècle de l’artiste français Jean Siméon Chardin a déclaré qu’il n’avait aucun regret après que le Louvre soit intervenu pour bloquer la vente.

Le “Panier de fraises sauvages” de Chardin, peint en 1761, s’est vendu pour la somme astronomique de 24,4 millions d’euros – un record pour l’artiste et 12,5 millions d’euros au-dessus de l’estimation – en mars à la maison de vente aux enchères Artcurial à Paris, à un marchand d’art de New York au nom d’un enchérisseur alors inconnu.

Mais le Louvre a ensuite bloqué la vente, la directrice Laurence des Cars ayant révélé que le musée souhaitait que le tableau soit classé trésor national.

Le ministère de la Culture l’a fait fin avril. La loi française prévoit que l’exportation ou la vente du tableau est suspendue pendant deux ans et demi, ce qui donne à l’État le temps de réunir la somme nécessaire à son acquisition.

Le Louvre possède déjà 41 œuvres de Chardin dans sa collection mais ne peut consacrer qu’environ 4,5 à 7,5 millions d’euros par an aux acquisitions, et recherche maintenant des mécènes pour acheter le tableau.

“Nous sommes pleinement mobilisés pour le faire entrer dans la collection nationale”, a déclaré Laurence des Cars, présidente-directrice du Louvre. Le Figaro en mars.

Acheteur texan : Nous attendrons le tableau de Chardin “intemporel”.

Pour la première fois depuis la vente, l’acheteur mystérieux a été révélé cette semaine comme étant le Kimbell Art Museum de Fort Worth, au Texas. Le directeur du musée, Eric Lee, a vu l’œuvre pour la dernière fois en février, après qu’elle ait été envoyée par une collection privée pour être exposée dans une galerie new-yorkaise.

Lee a déclaré au Art Newspaper France qu’à son avis, le tableau “valait la peine d’être attendu” – même s’il ne revenait jamais sur le sol américain. “Même si l’on considère que le Louvre pourrait finalement l’obtenir”, a-t-il dit, “c’est gagnant-gagnant dans tous les sens du terme puisqu’un grand musée va acquérir l’œuvre.”

Mais il a ajouté : “En imaginant ce tableau accroché dans nos galeries, je ne pense pas que quelque chose puisse être plus beau. Les qualités du tableau – cette intimité, cette sérénité et cette intemporalité – sont des qualités que l’on retrouve également dans l’architecture de Louis Kahn”. [the designer of the museum building, which dates back to 1972].

“Je suis d’accord pour dire que ce tableau est un trésor national de la France. Mais je crois aussi qu’il est un trésor mondial et qu’il pourrait servir d’ambassadeur de la culture française.”