Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, elle nous a obligés à repenser complètement la façon dont nous menons notre vie quotidienne.

Même si les conditions différaient légèrement selon le pays où nous vivions, nous avons tous subi une forme de confinement qui a restreint notre espace quotidien à une zone beaucoup plus petite que celle à laquelle nous étions habitués.

Pour beaucoup, cela nous a amené à nous interroger sur notre rapport au lieu où nous vivons et, plus généralement, sur notre rapport à l’espace vital.

C’est aussi la question que se pose depuis plusieurs années Carlos Moreno, professeur associé à l’Université Paris IAE – Panthéon Sorbonne en France.

Il a développé une solution possible : la “ville en 15 minutes”.

Les besoins essentiels à satisfaire pour être heureux

Pour Moreno, il existe six besoins essentiels à satisfaire pour être heureux, de préférence à une courte distance de votre lieu de résidence.

C’est la base de son concept : faire en sorte que ces besoins puissent être satisfaits en 15 minutes de trajet, ce qui inclut la marche et le vélo.

La première catégorie de besoins concerne les bonnes conditions de logement. La deuxième catégorie concerne le travail et la manière de limiter les trajets domicile-travail. La troisième concerne les courses et l’accès à une alimentation de qualité. La quatrième est la santé, tant mentale que physique. Le cinquième est l’accès à la culture et le sixième les loisirs.

La question est la suivante : que peut-on faire pour permettre à chacun de satisfaire ses besoins dans son quartier en 15 minutes ?

Comme nous ne pouvons pas construire de nouvelles villes à partir de rien, l’une des solutions proposées par Moreno est l’approche chronotopique. Il s’agit d’utiliser un même lieu différemment selon l’heure de la journée.

Par exemple, une école n’est utilisée que pendant la semaine mais c’est un espace vide le week-end. Pour éviter de gaspiller cet espace deux jours par semaine, on pourrait l’utiliser à d’autres fins, par exemple pour accueillir des concerts ou des expositions.

Le concept peut-il être appliqué partout et à tout le monde ?

L’un des points de réflexion concerne le développement du travail à distance afin d’éviter au maximum les déplacements quotidiens entre le domicile et le lieu de travail.

Cela semble être une bonne idée pour réduire les émissions de CO2 liées aux transports. Mais qu’en est-il de la partie de la population qui ne peut pas travailler à domicile, celle qui se déplace de la banlieue au centre ville, les livreurs, les constructeurs qui vont d’un chantier à l’autre, etc.

Moreno affirme que, grâce à la possibilité de travailler en dehors de l’espace de travail classique de l’entreprise, la pression exercée sur les transports publics ou les routes principales diminuera, ce qui facilitera les déplacements des personnes qui ne peuvent pas se déplacer.

Il s’agit plus de changer la société que nos infrastructures…

Nous avons vu fleurir un grand nombre de magasins bio dans nos quartiers. Mais tout le monde ne peut pas s’offrir des tomates cultivées sans pesticides et qui coûtent trois fois le prix de celles vendues en supermarché.

Comment rendre le commerce de proximité attractif et éviter ainsi les déplacements inutiles vers les grandes zones commerciales ?

Il faut une intervention financière de l’État pour rendre les prix des marchandises dans les petits commerces abordables pour tous.

Mais cela ne s’arrête pas au shopping. Pour permettre le développement d’un quartier “15 minutes”, des aides financières seront également nécessaires pour réguler le prix des logements.

En définitive, la proposition de Moreno vise davantage à modifier le tissu social de nos villes qu’à les redessiner architecturalement.

Pour en savoir plus sur cette histoire, regardez la vidéo dans le lecteur média ci-dessus.