Les législateurs français ont proposé un projet de loi visant à inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution du pays, selon une déclaration de deux membres du Parlement samedi.

Cette initiative fait suite à un jugement historique rendu aux États-Unis, qui a annulé près de cinq décennies de protection constitutionnelle de l’avortement, permettant aux États d’interdire cette procédure.

Aux États-Unis, l’arrêt “Roe vs. Wade” de 1973 garantissait un droit à l’avortement à l’échelle nationale, même s’il a longtemps été une source de conflit pour les conservateurs et la droite religieuse. De nombreux États américains ont déjà pris des mesures pour interdire l’avortement.

La chef du parti de Macron au parlement a déclaré samedi avoir déposé une loi pour “inscrire le respect de l’avortement dans notre constitution.”

“Les droits des femmes sont toujours des droits fragiles qui sont régulièrement menacés”, a déclaré Aurore Berge à la radio France Inter, qualifiant la décision de la Cour suprême américaine de révoquer le droit à l’avortement de “catastrophique pour les femmes du monde entier.”

“Nous devons prendre des mesures en France aujourd’hui pour ne pas avoir demain un retour en arrière sur les lois existantes”, a-t-elle ajouté.

Les citoyens français ont déjà le droit à l’avortement inscrit dans une loi de 1975 entourant l’interruption volontaire de grossesse.

Une loi constitutionnelle cimentera le droit à l’avortement pour les générations futures, a déclaré Marie-Pierre Rixain, membre du Parlement et du parti de Macron, La République en marche.

“Ce qui s’est passé ailleurs ne doit pas se passer en France”, a-t-elle poursuivi.

Le Premier ministre Elisabeth Borne a déclaré que le gouvernement soutiendrait le projet de loi “de tout cœur”, faisant écho au soutien exprimé par d’autres ministres.

“Pour toutes les femmes, pour les droits humains, nous devons graver ce gain dans le marbre. Le Parlement doit pouvoir s’unir massivement sur ce texte”, a-t-elle écrit sur Twitter.

L’alliance de gauche NUPES, qui soutient également la démarche, et la coalition Ensemble de Macron disposeraient ensemble d’une large majorité en faveur d’un tel changement constitutionnel.

Le Rassemblement national s’est longtemps opposé à l’avortement, mais sa dirigeante actuelle, Marine Le Pen, s’est présentée depuis comme une défenseuse des droits des femmes et a soutenu le statu quo.

Macron a exprimé sa solidarité avec les femmes aux États-Unis suite à la décision d’annuler un jugement historique dans un mouvement qui est susceptible de conduire à l’interdiction de l’avortement dans environ la moitié des États.

Macron a déclaré que les libertés des femmes étaient mises à mal par cette décision. “L’avortement est un droit fondamental pour toutes les femmes. Il doit être protégé”, a écrit le président français dans un tweet vendredi soir.

Le délai légal pour interrompre une grossesse en France est passé de 12 à 14 semaines lors de la dernière législature.

En 2018 et 2019, les législateurs de l’opposition ont tenté sans succès de modifier la constitution pour y inclure le droit à l’avortement.