La France promet d'être prête, alors que l'on craint le chaos à la frontière britannique.

Des policiers français vérifient les passeports à la frontière. Photo de Iroz Gaizka / AFP

Le nouveau système européen d’échange de quotas d’émission entrera en vigueur en 2023 et de nombreuses personnes – dont le patron du port de Douvres et l’ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France – craignent que les contrôles supplémentaires ne provoquent un chaos à la frontière franco-britannique et que les longues files d’attente de l’été dernier ne se reproduisent.

Le PDG du port de Douvres, Doug Bannister, a déclaré qu’il craignait “des embouteillages à la sortie du port et dans tout le Kent” car le nouveau système pourrait prendre jusqu’à 10 minutes pour traiter une voiture avec quatre passagers, contre 90 secondes actuellement.

EXPLIQUÉ

Mais les services français de contrôle des frontières ont insisté sur le fait qu’ils seront prêts, répondant aux questions de la Commission européenne par “…”.Oui, La France sera prête” (oui, la France sera prête).

Les responsables français ont déclaré qu’ils avaient déjà entrepris la préparation de l’extension et qu’ils commenceraient à tester le nouveau système dans les postes frontières français à la fin de cette année.

Un document partagé récemment par le secrétariat du Conseil de l’UE (l’institution de l’UE représentant les Etats membres) et publié par Statewatch, une organisation à but non lucratif qui surveille les libertés civiles, montre comment les pays se préparent.

“La France s’est préparée très activement et sera dans les temps pour une mise en œuvre de la SEE en conformité avec le règlement de l’UE”, affirment les autorités françaises.

“Les autorités françaises ont réalisé de nombreuses études et analyses, en coopération avec les gestionnaires d’infrastructures, pour cartographier les flux de passagers à chaque poste de passage frontalier… et évaluer l’impact du SEE sur les temps d’attente”, indique le document.

Cependant, malgré la préparation, les Français admettent que les longues attentes à la frontière restent une source d’inquiétude, ajoutant : “la perspective de l’impact du SEE sur les temps d’attente aux frontières inquiète les gestionnaires d’infrastructures. Il n’en demeure pas moins que la fluidité reste une préoccupation, et que les échanges se poursuivent avec chaque gestionnaire de poste frontière pour progresser sur ce point.”

Le système EES doit entrer en vigueur en mai 2023 et sera appliqué à toutes les frontières extérieures de l’UE – retrouvez tous les détails sur son fonctionnement .

Cependant, la frontière entre la France et le Royaume-Uni suscite des inquiétudes particulières pour trois raisons : le volume élevé du trafic (au total, plus de 60 millions de passagers franchissent la frontière chaque année) ; le fait que de nombreux passagers voyagent en voiture sur les ferries et l’Eurotunnel (alors que le système EES semble davantage conçu pour les passagers à pied) ; et l’accord du Touquet, qui prévoit que des agents de contrôle français travaillent dans les ports britanniques de Douvres et de Folkestone ainsi qu’à la gare St Pancras de Londres.

Le système EES est essentiellement un processus de vérification des passeports plus approfondi, les passagers devant fournir des informations biométriques, notamment des empreintes digitales et des scans faciaux. Les contrôles frontaliers prendront donc plus de temps par passager, ce qui pourrait avoir un effet important aux points de passage très fréquentés comme Douvres.

L’ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France, Lord Ricketts, a déclaré : “Je pense que la SEE, en particulier, sera très perturbatrice dans les ports de la Manche”.

Les documents de consultation de l’UE ont également révélé plus de détails sur la façon dont la SEE fonctionnera sur un plan pratique pour les passagers de voitures – ceux qui voyagent par ferry ou Eurotunnel vers la France – avec des agents frontaliers prêts à utiliser des tablettes informatiques pour recueillir des informations biométriques comme les empreintes digitales afin que les passagers n’aient pas à sortir de leur voiture.

Doug Bannister a ajouté que les agents de Douvres “attendaient une invitation” en France pour voir comment les nouveaux systèmes fonctionneront.