La France enregistre 10 000 décès supplémentaires au cours du deuxième été le plus chaud jamais enregistré

Prise à Savenay, près de Nantes, le 18 juillet 2022 montre une enseigne de pharmacie affichant la température de 41°C, alors qu’une vague de chaleur frappe la France. (Photo de Loïc VENANCE / AFP)

Dans un communiqué publié par Santé publique France lundi soir, l’autorité sanitaire a noté que “de multiples phénomènes climatiques” se sont produits au cours de l’été, le qualifiant de “plus chaud depuis 1900” avec un “impact sanitaire important”.

Les données couvrent juin à septembre et répertorient 10 420 décès excédentaires – c’est-à-dire des décès supérieurs à la moyenne pour la saison estivale.

Sur ces 2 816 décès, ils sont survenus au cours des trois périodes où le pays était officiellement en alerte canicule, soit une augmentation de 16,7 % par rapport aux périodes sans canicule pendant l’été.

Les experts pensent également que bon nombre des 7 604 décès supplémentaires restants étaient liés à la chaleur, même s’ils se sont produits pendant des périodes où aucun avertissement de vague de chaleur n’était en place.

“Une partie de cet excès de mortalité estivale est probablement due à l’exposition de la population à de fortes chaleurs, même si les températures n’ont pas atteint les seuils d’alerte canicule”, note le rapport.

Comme prévu, les plus touchés sont les personnes âgées. Sur les 2 816 surmortalités enregistrées lors des trois épisodes caniculaires de cet été, 2 272 concernaient des personnes âgées de 75 ans et plus, soit près de 80 % des surmortalités lors des canicules.

Cependant, tous les groupes d’âge étaient représentés, comme le montrent les figures ci-dessous. La plupart des décès dans tous les groupes d’âge sont survenus au cours de la deuxième vague de chaleur, qui a été la « plus intense » en termes de chaleur.

L’impact de la pandémie

La pandémie a également probablement joué un rôle dans les décès liés à la chaleur. Concrètement, 894 décès liés au Covid-19 ont été enregistrés dans les hôpitaux et établissements médicaux lors des épisodes caniculaires.

Le responsable de l’unité “Qualité de vie et santé des populations” de Santé publique France, Guillaume Boulanger, a expliqué en conférence de presse que “le Covid-19 pourrait avoir accru la vulnérabilité à la chaleur de certaines personnes, et l’exposition à la chaleur peut avoir aggravé l’état de certains patients touchés par le virus.

La surmortalité liée aux températures élevées est la «plus élevée depuis 2003» en France, année où une canicule de trois semaines a fait plus de 15 000 morts.

C’est cette canicule et le choc que tant de personnes âgées ont été retrouvées mortes dans leur propre maison, qui ont conduit les villes à créer les plans canicule qui sont utilisés aujourd’hui.

En plus de la surmortalité, il y a également eu une augmentation des complications de santé non mortelles à travers le pays. Durant tout l’été, plus de 17 000 passages aux urgences et 3 000 consultations SOS Médecins ont été enregistrés pour hyperthermie, déshydratation et hyponamétrie (carence en sel consécutive à la déshydratation).

De plus, en période de canicule, le nombre de passages aux urgences et de consultations SOS Médecins était deux à trois fois plus élevé qu’en dehors des périodes de canicule.

Les trois vagues de chaleur ont été décrites dans le rapport comme « intenses et remarquables ». Le premier s’est produit en juin, à un moment inhabituellement précoce pour la saison estivale, le second en juillet, qui a été géographiquement étendu et a touché plus des deux tiers de la population française, et le troisième s’est produit en août.

Géographie

En ce qui concerne les régions de France les plus touchées, quatre régions – majoritairement concentrées dans le sud de la France – se distinguent par des niveaux de surmortalité particulièrement élevés.

L’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur ont enregistré la majorité des décès nationaux excédentaires du pays pendant les canicules.

Cependant, si l’on regarde les décès en proportion du nombre d’habitants, la Bretagne, une région généralement connue pour ses températures estivales plus fraîches, a enregistré une proportion élevée. La région parisienne et le Grand Est ont également connu des proportions plus élevées par population de décès excédentaires.

Le rapport rejoint d’autres publications sur le thème de la surmortalité en Europe à la suite d’événements climatiques. L’Agence européenne pour l’environnement a récemment publié une étude montrant que sans mesures d’adaptation, si le réchauffement climatique devait atteindre 3C d’ici 2100, “90 000 Européens pourraient mourir chaque année des vagues de chaleur”.