La Cour suprême de France ordonne des contrôles de sécurité pour les motos

Photo de FRANCOIS GUILLOT / AFP

La décision du tribunal intervient après un bras de fer de plus d’un an entre les associations de propriétaires de motos qui protestaient contre toute obligation de contrôle de sécurité pour les motos. Contrôle technique et les ONG qui luttent contre la pollution atmosphérique et le bruit de la circulation.

Le Conseil d’État, la cour suprême de France pour les questions administratives, a ordonné l’année dernière au gouvernement de se conformer à une directive de l’UE de 2014 demandant des contrôles de sécurité réguliers pour les motos avec des moteurs de plus de 125 centimètres cubes, à partir de cette année.

En réponse, le gouvernement a publié un décret annonçant des contrôles sur certaines motos, ne commençant qu’en 2023.

Cependant, face aux protestations des propriétaires de motos et des associations, le gouvernement a fait volte-face, le président Emmanuel Macron ayant déclaré, selon un conseiller, qu’il ne voulait pas “embêter les Français” avec cette mesure qui, selon lui, ne serait jamais appliquée.

Mais les mêmes ONG qui avaient lancé l’affaire initiale ont lancé un nouveau défi contre le gouvernement et, une fois encore, le Conseil d’État leur a donné raison.

Le Conseil a déclaré lundi dans un communiqué que le gouvernement avait “outrepassé ses pouvoirs” en annulant la directive européenne qui, selon lui, visait à protéger l’environnement ainsi que la sécurité des motocyclistes.

Cela signifie que les propriétaires de motos devront effectuer des contrôles de sécurité réguliers sur leurs véhicules, de la même manière que les propriétaires de voitures sont tenus de le faire tous les ans. Contrôle technique. Cette mesure ne concerne que les motos immatriculées en France et ne s’applique donc pas aux touristes ou aux visiteurs.

La Cour a également rejeté l’argument du gouvernement selon lequel la directive de l’UE autorise des “mesures alternatives” pour remplacer les inspections de sécurité obligatoires.

Compte tenu de son “impact environnemental direct et significatif”, la décision de supprimer les inspections aurait dû faire l’objet d’un débat public.

Même les mesures alternatives proposées par le gouvernement n’ont pas satisfait aux exigences de l’UE, soit parce qu’elles n’étaient encore qu’au stade de projet, soit parce qu’elles n’amélioraient pas la sécurité des motos “de manière suffisamment efficace et significative”, a déclaré le Conseil.

Les ONG se sont réjouies, le responsable de l’association Respire (Breathe), Tony Renucci, qualifiant la décision de “victoire pour l’environnement et la santé publique”.

Gaël David, président de Ras Le Scoot (Ras-le-bol des scooters), estime que le gouvernement ne pourra désormais plus “utiliser la santé et la sécurité routière comme éléments de ses calculs électoraux”.

Ce revers pour le lobby des motards survient deux mois seulement après que la ville de Paris a introduit des frais de stationnement pour les motos et les scooters dans la capitale, suscitant l’indignation et la défiance des motards.

Depuis le 1er septembre, les motards qui garent leur véhicule dans le centre historique de la capitale doivent payer 3 € par heure – deux dans les quartiers environnants – pour une durée maximale de six heures.