La France interdit-elle vraiment le hijab ?

Des personnes tiennent des pancartes lisant des messages tels que “Français et musulman, fiers de nos deux identités” (C) et “Ne touchez pas à mon voile, respectez mon choix, non à l’islamophobie” dans le cadre d’une manifestation contre l’islamophobie à Paris le 10 novembre , 2019. (Photo de GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Quelles sont les règles? La France interdit-elle le hijab ?

Non, la France n’a pas interdit le hijab dans les espaces publics. Cependant, les règles diffèrent en ce qui concerne les foulards et les couvre-visages intégraux, ce qui peut prêter à confusion car le voile intégral et le foulard musulman sont souvent appelés un voile en français.

En 2010, le pays a introduit une interdiction complète des vêtements comprenant des masques intégraux, y compris la burqa et le niqab. Ceux-ci ne peuvent être portés dans aucun espace public en France, sous peine d’une amende de 150 €.

Le hijab ou foulard, cependant, est tout à fait légal dans les espaces publics, y compris les magasins, les cafés et les rues et il est courant de voir des femmes les porter, en particulier dans certains quartiers des grandes villes comme Paris.

Cependant, cela ne signifie pas qu’il n’y a aucune restriction à la liberté des femmes de porter le foulard musulman.

Conformément aux lois françaises sur laïcité (laïcité) il est interdit de porter des symboles manifestes de la religion – y compris le foulard musulman – dans les bâtiments gouvernementaux, y compris les écoles et les universités (à l’exception des visiteurs).

Les agents publics tels que les enseignants, les pompiers ou les policiers sont également interdits de porter tout symbole manifeste de leur religion pendant qu’ils sont au travail.

En 2004, le gouvernement du président Jacques Chirac a interdit tout signe religieux dans les écoles publiques. Alors que la loi interdisait également les crucifix et les kippas, “elle visait principalement les filles portant le foulard musulman”, a déclaré le chroniqueur de The Local, John Lichfield.

Les burkinis sont également soumis à certaines règles. Ils ne sont pas autorisés dans les piscines publiques en France où il existe des règles strictes concernant la tenue vestimentaire (slips de bain uniquement pour les hommes et bonnets de bain obligatoires), mais ils sont autorisés sur les plages et dans les autres espaces publics.

Cela est devenu une source de polémique au cours de l’été 2022, lorsque Grenoble a contesté l’interdiction du maillot de bain intégral en assouplissant ses règles sur les maillots de bain autorisés dans les piscines publiques.

En réponse à la contestation, le plus haut tribunal administratif de France a voté en juin pour maintenir l’interdiction à l’échelle nationale.

Et en athlétisme ?

Certaines fédérations, comme la Fédération française de football, ont interdit aux joueurs de porter le hijab, ainsi que d’autres symboles religieux “ostentatoires” comme la kippa juive.

Un collectif de femmes connu sous le nom de “les Hijabeuses” a lancé une contestation judiciaire des règles en novembre de l’année dernière.

D’autres sports, comme le handball et le rugby, ont une position plus ouverte.

Est-il prévu de modifier ces règles ?

À l’heure actuelle, le gouvernement ne prévoit pas d’annuler l’interdiction des masques intégraux, y compris la burqa et le niqab, ou d’autoriser les symboles de la religion dans les bâtiments publics, comme les écoles.

Il y a cependant eu des tentatives pour modifier le cadre juridique actuel sur le foulard.

En 2021, les sénateurs ont proposé un “projet de loi anti-séparatisme” du gouvernement qui interdirait aux filles de moins de 18 ans de porter le hijab en public. Plusieurs autres amendements visaient également les femmes musulmanes – comme l’interdiction aux mamans de porter le hijab lors des voyages scolaires – mais ils ont tous été rejetés à l’Assemblée nationale et ne sont donc pas devenus loi.

Les règles sont-elles respectées ?

Les règles autour du niqab sont généralement respectées et il est devenu assez rare en France.

Cependant, la sociologue Agnès De Féo, estime que dans les années qui ont suivi son interdiction, le masque intégral est devenu plus populaire, plutôt que moins.

Elle que « la loi avait un effet incitatif : elle incitait les femmes à transgresser l’interdit en embrassant l’objet prohibé. L’interdiction a rendu le niqab plus désirable et a créé un engouement chez certaines jeunes femmes pour défier la loi.

En 2020, cependant, moins de femmes portaient le niqab et la burqa en France qu’en 2009.

Les règles concernant le port du foulard dans les bâtiments publics sont généralement respectées, mais il n’est pas rare que les règles concernant toute forme de robe musulmane soient interprétées avec trop de zèle – parfois par accident, parfois avec une intention politique cynique.

Un exemple clé a été en 2019, lorsque Julien Odoul, membre du parti du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, a provoqué une indignation généralisée après avoir publié une vidéo de lui-même face à une femme portant un foulard qui accompagnait des étudiants lors d’une sortie scolaire.

Il a cité des «principes laïcs» – arguant que l’interdiction du foulard dans les écoles devrait également s’étendre aux voyages scolaires.

En réponse, le ministre de l’Éducation de l’époque, Jean-Michel Blanquer, a précisé que “la loi n’interdit pas aux femmes portant le foulard d’accompagner les enfants”.

Il y a également eu une controverse au moment des élections au sujet des candidats qui apparaissaient sur des affiches portant le hijab, bien que là encore cela soit parfaitement légal et ne contrevienne pas aux principes laïcs.