Le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle française, Eric Zemmour, a été condamné lundi à payer 10 000 euros pour incitation à la haine et à la violence raciale.

Zemmour, 63 ans, a qualifié les enfants migrants non accompagnés de “voleurs”, “meurtriers” et “violeurs” lors d’une émission diffusée en septembre 2020 sur la chaîne de télévision CNews, dont il était l’un des animateurs.

“Ils n’ont rien à faire ici, ce sont des voleurs, ce sont des meurtriers, ce sont des violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, ils doivent être renvoyés et ils ne doivent même pas venir”.

“C’est une invasion permanente” et “un problème de politique d’immigration”, avait-il alors ajouté. Il n’a pas assisté au procès en novembre et n’était pas présent lors du jugement.

Zemmour dénonce “une condamnation idéologique et stupide” et annonce qu’il fera appel.

Les procureurs avaient demandé qu’il soit condamné à une amende de 100 € par jour pendant 100 jours – pour un total de 10 000 € – ou qu’il soit envoyé en prison s’il ne paie pas.

Un représentant du ministère public avait déclaré que les commentaires de Zemmour étaient “méprisants, scandaleux”, montraient un “rejet violent” et une “détestation” de la population immigrée et avaient franchi “les limites de la liberté d’expression”.

Pas une once de racisme

Zemmour a déjà été poursuivi 15 fois au cours de la dernière décennie pour injure raciale, incitation à la haine et négation d’un crime contre l’humanité et a été condamné deux fois pour incitation à la haine.

Son avocat, Olivier Pardo, avait déclaré qu'”il n’y a pas une once de racisme chez Eric Zemmour” et que son client ne faisait qu’énoncer “la réalité”, parfois de “manière brutale, avec ses mots”. Selon lui, les propos de septembre 2020 s’apparentent à “une prise de position politique”.

Il a également fait valoir que l’accusation d’incitation à la haine ne tenait pas car “les mineurs non accompagnés ne sont ni une race, ni une nation, ni une ethnie”.

Le parquet de Paris avait également requis une amende de 5 000 euros à l’encontre du directeur de publication de CNews, jugé aux côtés d’Eric Zemmour comme il est d’usage dans les procès de presse.

Une trentaine d’associations caritatives, dont SOS Racisme, la Ligue des droits de l’homme (LDH) et la Licra, ainsi qu’une vingtaine de conseils généraux – la prise en charge des mineurs isolés en France est gérée par l’aide sociale à l’enfance des départements – s’étaient constituées partie civile.

Dans leurs plaidoiries, ils ont insisté sur la responsabilité de la chaîne d’information, pour qui le “discours de haine” est “le cœur de métier”.

Arié Alimi, avocat de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), a déclaré que la réaction et la condamnation sont “une décision importante car derrière ce projet médiatique, il y a un projet politique, un projet de haine qui tend à stigmatiser des personnes en raison de leur origine, de leur religion, de leur race”.

Plusieurs affaires judiciaires à venir

Zemmour sera également jugé en appel jeudi pour contestation de crime contre l’humanité après avoir affirmé en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Philippe Pétain avait “sauvé” des Juifs français.

Il avait été relaxé en février 2021, le tribunal estimant que les propos avaient été tenus “à l’improviste lors d’un débat sur la guerre en Syrie.”

Son avocat va demander le report de cette audience, à moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle et “parce qu’il s’agit d’un délit d’opinion”, a déclaré M. Pardo à l’AFP.

Par ailleurs, le tribunal a décidé vendredi qu’il sera jugé en mai 2023 pour diffamation aggravée, pour des propos tenus en 2019 sur le “mouvement féministe” et le “mouvement LGBT”.