La liste des personnes qui espèrent bouleverser et renverser Emmanuel Macron s’allonge rapidement à seulement quatre mois de l’élection présidentielle française.

Macron n’a pas encore annoncé qu’il briguerait un second mandat, mais on s’attend généralement à ce qu’il le fasse. Son principal challenger au sein du parti centriste La République en marche serait l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, mais le maire du Havre a refusé sans équivoque de jeter son chapeau dans le ring.

Les sondages, pour l’instant, pointent tous vers une victoire de Macron, mais l’élection présidentielle française est notoirement imprévisible. Macron, lui-même, est l’exemple parfait d’avoir lancé un mouvement politique quelques mois seulement avant les élections de 2017 qu’il a remportées.

Les questions clés pour l’élection incluent le travail et le coût de la vie – un débat déclenché par les manifestations des Gilets Jaunes de 2018 – ainsi que l’environnement, l’immigration et la sécurité.

Euronews s’intéresse de plus près à ceux qui sont en lice pour défier Macron.

Marine Le Pen – Rassemblement National

Considérée comme le principal rival de Macron et projetée de le rejoindre au deuxième tour du plébiscite est Marine Le Pen.

La dirigeante d’extrême droite, 53 ans, s’en tient à ses thèmes de prédilection, à savoir l’immigration et la sécurité.

Parmi les mesures qu’elle a évoquées figurent la fin de la naturalisation par mariage et de la nationalité d’office pour les personnes nées sur le sol français.

Elle envisage également de restreindre l’accès aux allocations familiales aux seuls Français avec un délai de carence de cinq ans pour les étrangers.

Elle souhaite également abolir les subventions aux “énergies intermittentes”, dont l’éolien et le photovoltaïque.

Elle a cependant abandonné l’idée de sortir la France de l’Union européenne, de l’espace Schengen ou de l’euro.

Le Pen a cherché à adoucir l’image de son parti depuis qu’elle a succédé à son père – qui a été condamné à plusieurs reprises pour ses propos antisémites. Cela a rendu la fête plus mainstream, mais elle risque désormais d’être débordé à droite par une nouvelle personnalité, Eric Zemmour.

Son principal défi sera de bâtir sa crédibilité sur des questions qui ne relèvent pas de l’immigration et de la sécurité. Son manque d’expérience et de connaissances économiques l’a vue éviscérée par Macron lors d’un débat télévisé en 2017.

Jean-Luc Mélenchon – La France Insoumise

Le leader populiste de gauche, 70 ans, est arrivé quatrième lors de la dernière élection présidentielle, recueillant près de 20 % des voix au premier tour. À l’heure actuelle, les sondages lui attribuent environ 10 % des bulletins de vote.

Jusqu’à présent, ses propositions ont porté solidement sur les questions sociales et le coût de la vie.

Il a par exemple annoncé qu’il prévoyait de créer une “loi d’urgence sociale” qui permettrait de geler le prix des produits de première nécessité, notamment le carburant, le gaz, l’électricité et certains produits alimentaires.

Il souhaite également faire passer le SMIC mensuel de 1 258 € net actuellement à 1 400 € net.

Mélenchon est une figure controversée. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à 8 000 € d’amende en décembre 2019 pour avoir intimidé des fonctionnaires qui effectuaient une perquisition à son bureau dans le cadre d’une enquête sur des irrégularités dans le financement.

Anne Hidalgo – Parti socialiste

L’homme de 62 ans est l’actuel maire de Paris, après avoir remporté un second mandat en 2020.

Elle a appelé à “reconstruire” les systèmes d’éducation et de santé et a déclaré que “la question du travail doit redevenir un enjeu central”.

Comme Melenchon, elle envisage d’augmenter les salaires. Elle a déclaré qu’un de ses premiers actes en tant que présidente serait de convoquer des négociations avec les syndicats “pour remettre les Français dans une position où ils peuvent vivre dignement de leur travail”.

Elle se positionne aussi en écologiste. Parmi les mesures qu’elle a déployées dans la capitale française figurent des restrictions sur la circulation automobile dans certaines parties de la ville et davantage de pistes cyclables. Son nouveau mandat prévoit la plantation de 170 000 arbres, la rénovation énergétique des bâtiments et la fin du plastique dans les cantines scolaires.

Elle fait face à deux défis majeurs. La première est qu’elle est perçue comme une femme politique locale, liée à Paris. La seconde est qu’elle est la candidate d’un parti en difficulté. Le candidat des socialistes en 2017 n’a obtenu que 6,2 % des voix, un record pour le parti. Cela a été suivi par de lourdes défaites aux élections législatives et au Parlement européen.

Les sondages lui attribuent actuellement entre 4 et 7% des voix.

Yannick Jadot – Parti Vert

Jadot, 54 ans, est un eurodéputé qui avait déjà remporté le ticket des Verts pour l’élection présidentielle de 2017, pour finalement se rallier au candidat socialiste.

Cette fois, une telle alliance paraît peu probable même si les deux partis de gauche ont uni leurs forces pour remporter les élections municipales de Paris et de Marseille.

Son programme comprend des promesses de mettre fin à l’élevage intensif et d’affaiblir les lobbies qui, selon lui, “engloutissent les subventions et les politiques publiques pour que le climat, la santé, l’environnement et la justice sociale prennent enfin le pas”.

“Chaque euro d’argent public sera conditionné à la protection de l’environnement. Pas un seul euro pour Total tant que Total ne rompra pas avec sa logique de toujours chercher plus de pétrole et plus de gaz dans le sol”, a-t-il déclaré.

Il envisage également de rétablir un impôt sur la fortune et de taxer davantage les actifs financiers qui investissent dans les énergies fossiles.

Enfin, il a dévoilé un plan d’injection de 50 milliards d’euros par an pendant le mandat de cinq ans pour “réparer” le pays et “reconstruire” l’économie. Les fonds iraient vers des projets d’infrastructure, de logement, de transport et aideraient l’économie à passer dans “un cercle vertueux d’investissement et de consommation responsable”.

Les sondages lui donnent entre 6 et 9% des voix.

Valérie Pécresse – Les Républicains

Valérie Pécresse a été choisie par des membres du parti de droite Les Républicains être leur première femme candidate à l’élection présidentielle française.

Le chef de la région peuplée d’Ile-De-France, dans laquelle se trouve Paris, est également deux fois ministre de l’Enseignement supérieur et du Budget.

Elle s’est engagée à revoir les plans de fermeture des réacteurs nucléaires, concédant toutefois que le nucléaire ne suffira pas et que les énergies renouvelables doivent être stimulées. D’autres propositions incluent une taxe carbone aux frontières de l’Europe et une « préférence européenne dans les marchés publics ».

Elle a également appelé à une augmentation des salaires et à des réformes des systèmes de chômage et de retraite et a promis de réduire la dette publique.

Pour remporter l’investiture, Pécresse a battu plusieurs candidats de premier plan de son parti, dont Eric Ciotti, un député extrémiste de Nice ; Xavier Bertrand, président de la région Hauts-De-France ; Michel Barnier, ancien négociateur européen du Brexit ; et Philippe Juvin, un maire qui a pris de l’importance au milieu de la pandémie de COVID-19.

Eric Zemmour – Reconquête

Le chroniqueur controversé, expert de la télévision et auteur Eric Zemmour a également jeté son chapeau dans le ring pour la présidence française.

Zemmour, 63 ans, est célèbre pour ses provocations sur l’islam, l’immigration et les femmes qui l’ont vu poursuivi à plusieurs reprises. Il a été reconnu coupable d’incitation à la discrimination raciale en 2011 et d’incitation à la haine envers les musulmans en 2018.

Il soutient que la France est en déclin à la fois géopolitiquement et économiquement, ce qu’il impute à l’immigration, ainsi qu’à « l’islamisation » et à la « féminisation » de la société.

Le spécialiste de la télévision a créé une frénésie médiatique en France, incitant le régulateur français des médias à décider qu’il devait être considéré comme un homme politique et non comme un journaliste et que son temps d’antenne devrait donc être soumis à des limitations..

L’offre de Zemmour pour l’Elysée pourrait nuire à Marine Le Pen car les deux ont des positions similaires. Plusieurs personnalités de son parti ont déjà appelé Zemmour à se rallier à elle.

Elle pourrait également conduire le candidat des Républicains à virer à droite sur certains thèmes dont l’immigration et la sécurité afin d’endiguer un éventuel exode des voix.

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