Les ménages français qui ont du mal à payer leurs factures d’électricité seront, à l’avenir, confrontés à une réduction de l’approvisionnement plutôt qu’à une coupure totale, a déclaré EDF.

Le fournisseur d’énergie s’est engagé à fournir l’équivalent de 1 000 watts aux clients qui ont pris du retard dans le paiement de leurs factures – suffisamment pour permettre les “usages essentiels” tels que l’éclairage, les chauffe-eau ou les machines à laver, l’utilisation d’Internet, la recharge du téléphone et la réfrigération, mais pas assez pour chauffer une maison.

L’opérateur a déclaré avoir pris cette décision en raison de la flambée des prix de l’énergie. Cette décision s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par le gouvernement pour alléger la pression sur les finances personnelles en accordant une aide aux ménages à faibles revenus.

“Nous nous engageons à accompagner nos clients en situation d’impayés en mettant fin à la coupure d’électricité”, a annoncé Marc Benayoun, l’un des directeurs exécutifs du groupe, vendredi 12 novembre, dans une interview à Le Parisien.

La décision d’EDF est actuellement discutable. La loi annuelle française, qui a débuté le 1er novembre et se termine le 1er avril, interdit aux fournisseurs d’énergie de couper l’approvisionnement des ménages.

Contrairement aux compagnies des eaux, qui ont l’interdiction de couper ou de réduire l’approvisionnement en eau d’une propriété quelle que soit la situation financière de ses clients depuis février 2014, les fournisseurs d’énergie peuvent toujours couper les services aux clients qui n’ont pas payé leur facture en dehors de la période de trêve.

La politique d’EDF prendra effet à partir d’avril prochain. Les autres fournisseurs d’électricité en France n’ont pas encore dit s’ils allaient suivre l’exemple de l’entreprise publique.

La réduction prévue de la fourniture “s’appliquera dans tous les cas, sauf s’il existe une impossibilité physique ou technique de limiter la puissance de la fourniture d’électricité”, a déclaré EDF dans un communiqué.

Elle a ajouté qu’elle préférait déjà limiter l’alimentation des clients en retard de paiement plutôt que de chercher à la couper entièrement. Cette politique a permis de réduire d’un tiers le nombre de coupures en cinq ans.

“Nous nous sommes rendu compte que nous obtenions des résultats presque aussi bons, en termes de régularisation des situations et de remboursement des dettes, en utilisant d’autres moyens. Et notamment la limitation du pouvoir”, a expliqué Benayoun.

Mais chaque année, “entre 200 000 et 300 000 ménages sont privés d’électricité parce qu’ils n’avaient pas les moyens de payer”, a déclaré à France Info le médiateur national de l’énergie, Olivier Challan-Belval, qui avait demandé à EDF de généraliser les politiques de réduction. “Aujourd’hui, l’électricité est vraiment devenue un bien dont on ne peut pas se passer”.

“Il n’est pas acceptable, dans un pays comme la France, que des ménages puissent se retrouver dans une telle situation de précarité et de pauvreté”, a-t-il ajouté.

Manuel Domergue, de la fondation caritative Abbé Pierre, s’est félicité de la nouvelle. “Des millions de ménages en difficulté ne vivront plus avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête !” a-t-il déclaré sur Twitter.