La compagnie pétrolière et gazière française Total a été avertie des conséquences climatiques de la consommation de combustibles fossiles dès 1971, selon une étude publiée aujourd’hui.

Des chercheurs du CRNS, de Sciences Po et de l’Université de Stanford ont utilisé les archives du groupe pétrolier, aujourd’hui connu sous le nom de TotalEnergies, ainsi que des entretiens avec d’anciens cadres de l’entreprise et des documents internes.

Ils ont découvert des recherches publiées dans la revue Total en 1971 qui expliquaient que la combustion de combustibles fossiles entraînait “la libération d’énormes quantités de dioxyde de carbone”. L’étude mettait en garde contre le fait que la poursuite de la consommation augmenterait les niveaux de dioxyde de carbone à des niveaux “inquiétants”, ce qui pourrait entraîner la fonte des calottes glaciaires et une augmentation significative du niveau de la mer.

Malgré la prise de conscience des effets néfastes du réchauffement climatique, l’article publié dans Global Environmental Change indique que Total ou ses prédécesseurs se sont engagés dans un “déni manifeste de la science du climat” jusqu’au début des années 1990. Il révèle également qu’elle a participé à des actions de lobbying pour empêcher la réglementation de ses activités.

Dans une déclaration envoyée à l’AFP avant la publication du document, TotalEnergies a déclaré que ses dirigeants “reconnaissaient l’existence du changement climatique et le lien avec les activités de l’industrie pétrolière”.

L’entreprise affirme que leur “connaissance du risque climatique n’était en rien différente” de celle qui provenait des journaux scientifiques de l’époque.

TotalEnergies n’a pas répondu aux demandes d’Euronews Green pour un commentaire actualisé.

Une déclaration de guerre à l’humanité

Suite aux révélations de l’étude, Notre Affaire à Tous et 350.org lancent une campagne qui appelle les autorités publiques à demander des comptes à l’entreprise. Ils demandent également aux grandes banques de rompre leurs liens avec TotalEnergies et ont créé un site Internet dédié à cette entreprise. une pétition qui sera envoyée aux PDG de ces instituts financiers.

Les deux organisations affirment que les stratégies utilisées par l’entreprise au cours des 50 dernières années montrent que “la priorité de la multinationale a toujours été de protéger ses profits à tout prix, indépendamment de l’impact sur l’humanité et le climat”.

Ils ajoutent qu’aujourd’hui encore, TotalEnergies a l’intention d’augmenter sa capacité de production de combustibles fossiles et de poursuivre des projets “dévastateurs” dans des régions protégées.

” Le développement intensif de nouveaux projets pétroliers et gaziers est une déclaration de guerre contre l’humanité “, déclare Clémence Dubois, responsable de l’équipe 350.org France.

“Les projets de Total de continuer à développer de nouveaux champs pétroliers et gaziers massifs dans les années à venir pourraient finir par coûter des millions de vies.”

Ceci n’est possible, selon Dubois, que grâce au soutien que la compagnie reçoit du secteur financier.

“Du monde entier, nous lançons un appel aux banques : il est temps de couper les financements à Total.”

Alors que les négociations de la COP26 approchent à grands pas, 350.org et Notre Affaire à Tous demandent aux gouvernements et aux acteurs financiers de forcer TotalEnergies à s’aligner sur les Accords de Paris en cessant le développement de nouveaux projets d’énergies fossiles.