Les services sociaux français ont pris en charge 42 élèves d’une école religieuse juive ultra-orthodoxe près de Paris, ont annoncé mardi les autorités locales, alors que l’institution fait face à des allégations d’abus pendant des années.

L’école Beth Yossef de Bussières, à une soixantaine de kilomètres à l’est de la capitale, accueillait “de nombreux enfants mineurs américains et israéliens qui ne parlent pas français dans des conditions abusives”, a déclaré Laureline Peyrefitte, procureur de la République de Meaux.

Les enfants, âgés de 12 ans et plus, auraient souffert “d’enfermement, de confiscation de leurs documents d’identité, de mauvaises conditions de vie, d’actes de maltraitance, d’absence d’accès à l’éducation et aux soins, et d’aucune possibilité de retour dans leur famille”, a-t-elle ajouté.

Les autorités du département de Seine-et-Marne ont déclaré dans un communiqué que les enfants avaient été placés dans un centre d’accueil temporaire après avoir été retirés de l’école, située à l’écart du village sur son propre terrain.

La police détient également 16 membres du personnel de l’école.

Un garçon américain s’est échappé de l’école en juillet et a trouvé refuge à l’ambassade des Etats-Unis à Paris.

D’autres ont suivi, et la télévision publique israélienne enquête sur l’école depuis des mois.

“Nous nous sommes retrouvés avec une trentaine de témoignages remontant aux années 2000 d’anciens élèves disant avoir subi des violences”, a déclaré à l’AFP le documentariste Dubi Kroitoru.

Les journalistes ont envoyé toutes leurs informations à la police française en juillet.

Pour les proches, “cela ressemblait à l’école Harry Potter, dans les espaces verts”, a déclaré Rivka Azoulay, 26 ans, résidente de Jérusalem, dont le frère de 13 ans a commencé à fréquenter Beth Yossef la semaine dernière.

Dans les conversations depuis une cabine téléphonique de l’école, le garçon semblait jusqu’à présent “heureux”, a ajouté Mme Azoulay, se plaignant du fait que les autorités françaises n’avaient pas pris contact avec les familles.

Le grand rabbin de France, Haim Korsia, a déclaré à l’AFP : “Il est inacceptable que la vie d’enfants soit mise en danger, les accusations sont terribles”.

“Les conditions dans lesquelles ils vivaient sont inacceptables, point final”, a-t-il ajouté.