Des communes rurales françaises sont contraintes de réduire leurs services en raison de l'augmentation de leurs factures d'énergie.

Les petites communes doivent faire face à la hausse des factures d’énergie. Photo de LOU BENOIST / AFP

Dans les zones rurales françaises, les petites communes ont été contraintes de réduire leurs services en raison de l’augmentation des factures de chauffage qui grèvent de plus en plus leur budget.

A Oissel-sur-Seine, en Normandie, la commune a été contrainte de fermer la piscine car son chauffage était devenu trop coûteux.

“Au cours des deux premiers mois de 2021, nous avons dû débourser 40 000 € pour chauffer tous les bâtiments de la ville. Cette année, sur la même période, la facture est passée à 165 000 €”, explique le maire Stéphane Barré. Libération.

Les bâtiments administratifs ont baissé le chauffage et certains lieux de fête ont été fermés pour éviter des frais inutiles. Barré demande au gouvernement de réduire, voire de supprimer, la TVA sur le gaz acheté par les collectivités locales.

Le cas d’Oissel-sur-Seine est loin d’être isolé. Fédération nationale des collectivités concédantes et régies. (FNCCR) fait état d’augmentations du coût de l’énergie allant jusqu’à 300 % en l’espace d’un an – et ce, avant l’invasion.

La commune de Bohain-en-Vermandois, dans le nord de la région Hauts-de-France, a qualifié la situation actuelle de “sans précédent” et a mis en attente un certain nombre de travaux publics.

Pendant le week-end, elle coupera les lampadaires entre minuit et 5 heures du matin, à partir de samedi. Pendant la semaine, les lampes seront coupées entre 23 heures et 5 heures.

“Je sais que certains craignent une augmentation du risque de cambriolage et de vol, mais les études montrent que ce n’est pas le cas”, a écrit le maire dans un message sur Facebook.

Pendant ce temps, à Sainte-Néomaye, dans le sud-ouest de la région Nouvelle Aquitaine, où le coût de l’énergie a presque doublé en un an, le chauffage a été coupé au gymnase public, les travaux de rénovation accélérés et d’autres travaux publics annulés.

“Pour nous, c’est énorme”, a déclaré le maire Roger Largeaud à Libération. “Personne n’aurait pensé qu’on en arriverait là un jour”.

Suppression d’emplois

Un certain nombre de communes ont également été contraintes de réduire leurs effectifs.

La ville de Sénas, 7000 habitants, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, n’a pas l’intention d’embaucher de remplaçants pour cinq agents qui partent à la retraite.

“Cela aura des conséquences concrètes sur certains services, comme la médiathèque, qui verra ses horaires d’ouverture réduits. Il y aura également une surcharge de travail pour les autres employés de la mairie”, a déclaré le maire Philippe Ginoux à Libération.

” Mais c’était soit ça, soit une augmentation des taxes. Si la hausse des prix se poursuit, qui sait si nous n’aurons pas le choix ?”.

Alors que fait le gouvernement ?

Suite à l’invasion russe de l’Ukraine et aux sanctions occidentales qui ont suivi, les prix de l’énergie se sont envolés dans toute l’Europe. Le gouvernement français a réduit les taxes sur l’électricité et introduit un tarif spécial pour les communes qui emploient moins de dix personnes, tandis que les ménages individuels ont vu les prix du gaz gelés jusqu’à la fin du mois de juin.

Certaines collectivités rurales demandent que ce gel des prix s’applique également aux collectivités rurales.

“Dès qu’on demande de l’aide, personne ne répond. Quand on est dans le s*** et qu’on crie au secours, on nous laisse souffrir “, a déclaré Ginoux.

À long terme, le gouvernement français cherche à mettre fin à la dépendance de la France vis-à-vis des approvisionnements en gaz et en pétrole russes d’ici 2027.

A court terme, un système de “délestage” a été discuté comme dernier recours, par lequel l’énergie est fournie à différentes parties du pays sur une base rotative. Les hôpitaux, les écoles et les maisons de retraite ne seraient pas soumis à cette politique.