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Un homme prépare sa boucherie dans le village culinaire de la nouvelle Cité internationale de la gastronomie et du vin à Dijon. Photo de JEFF PACHOUD / AFP

“C’est époustouflant. C’est un mariage entre la gastronomie, le vin, la culture et l’éducation”, a déclaré l’ancien président français François Hollande, sous le mandat duquel le projet a été lancé.

“Ce n’est pas unique en France. C’est unique dans le monde”, a-t-il ajouté lors de l’inauguration.

La ville, célèbre pour sa moutarde et ses vignobles, espère attirer un million de visiteurs par an sur le site qui ressemble à un village avec des expositions, une école culinaire, des magasins, des restaurants et même un cinéma.

“Je n’ai aucun doute sur le fait qu’un million est un objectif tout à fait atteignable”, a déclaré à l’AFP le maire socialiste de Dijon, François Rebsamen, ajoutant que Dijon s’enorgueillissait de 3,5 millions de visiteurs annuels avant l’arrivée de la pandémie de Covid-19.

Le projet a été lancé après que l’UNESCO a ajouté le “repas gastronomique français” à sa liste du patrimoine culturel immatériel en 2010.

L’inscription sur cette liste prestigieuse a entraîné le lancement de sites à Paris, Lyon, Tours et Dijon, conçus pour mettre en valeur différents aspects de la riche culture gastronomique et vinicole du pays.

Un professeur donne un cours de cuisine aux étudiants de l’école culinaire Ferrandi de la nouvelle Cité internationale de la gastronomie et du vin. Photo de JEFF PACHOUD / AFP

Les repas sont une grande affaire en France, où 2 000 livres sur le vin ou la cuisine sont publiés chaque année.

Les Français s’assoient généralement ensemble pour manger, contrairement aux Américains “qui mangent souvent debout à côté du comptoir de la cuisine” et seuls, explique Jean-Pierre Corbeau, sociologue à l’université de Tours.

Le repas gastronomique est “ce rituel de la bonne chère qui réunit les Français pour célébrer ensemble le bien vivre”, explique François Chevrier, fondateur de l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation, dans son livre sur le complexe de Dijon.

Le site massif de Dijon s’étend sur 6,5 hectares et combine des structures modernes avec des bâtiments aux tuiles vernissées de l’époque médiévale.

“Nous avons voulu mettre en valeur le patrimoine existant tout en y ajoutant des touches architecturales contemporaines”, a déclaré l’architecte Anthony Bechu.

Le projet global a coûté 250 millions d’euros, le secteur privé en finançant 90 %.

Les visiteurs peuvent se promener à travers quatre sections sur l’histoire des repas français, la boulangerie, les vignobles de Bourgogne et l’art de la cuisine.

La Cave de la Cité. Photo de JEFF PACHOUD / AFP

Une fois l’appétit ouvert, les touristes peuvent manger à leur faim dans deux restaurants dirigés par le chef triplement étoilé Eric Pras.

Et ils peuvent faire descendre le repas avec le vin d’une cave qui offre “l’une des plus grandes sélections au monde, avec 250 vins au verre parmi plus de 3 000 références”, selon son directeur Anthony Valla.

Le site comprend également une boucherie et une boulangerie, une “cuisine expérimentale” proposant des démonstrations et des ateliers, ainsi qu’une antenne de l’école culinaire Ferrandi, de renommée mondiale.

Un projet d’une telle ampleur a suscité quelques interrogations, notamment après la fermeture du site de Lyon neuf mois seulement après son inauguration.

“Nous avons tiré la leçon de l’échec de Lyon, qui proposait quelque chose d’un peu bas de gamme et de très cher”, a déclaré le maire de Dijon, M. Rebsamen.

Le site de Dijon comprend “toute une partie culturelle et patrimoniale qui est gratuite”, a-t-il ajouté.

Le repas à la française est en danger car “les gens pensent que cuisiner est une perte de temps”, selon le professeur de Paris-Sorbonne Jean-Robert Pitte.

Pitte est l’un des artisans de la campagne qui a conduit à l’inscription à l’UNESCO, destinée à redonner “le goût de cuisiner”.

Pour lui, “bien manger n’est pas superflu, mais nécessaire pour la santé, la sociabilité, l’économie et la culture”.