A partir de janvier, les recommandations de la France pour le travail à distance deviennent obligatoires – mais quelles sont exactement les règles et dans quelle mesure les jours “obligatoires” sont-ils contrôlés ?

“Recourir à télétravail (le télétravail) sera rendu obligatoire, je veux dire obligatoire, dans toutes les entreprises et pour tous les salariés pour qui c’est possible”, a annoncé le Premier ministre Jean Castex lors d’une conférence de presse le 27 décembre.

Auparavant, le gouvernement avait appelé à l’approche de Noël, mais cela représente un changement de ton des recommandations aux règles.

“L’obligation de télétravailler trois jours par semaine, voire quatre, lorsque cela est possible, sera inscrite dans le protocole national d’entreprise qui sera mis à jour cette semaine, comme cela avait été le cas lors des périodes précédentes concernées par les obligations de télétravail”, a-t-il ajouté. Le ministère de l’Emploi a déclaré dans un communiqué, à la suite de l’annonce de Castex.

Les règles

Dans le protocole de santé en vigueur en entreprise (pdf), opérationnel depuis l’incitation précédente de Castex à travailler à domicile le 8 décembre, le télétravail était fortement recommandé – « l’objectif doit être de deux à trois jours de télétravail par semaine”, mais avec cet ajout important, “sous réserve des contraintes liées à l’organisation du travail et à la situation des salariés”.

Il est probable que, lorsqu’il sera mis à jour, le protocole sanitaire sera plus fortement formulé – comme il l’était dans les versions publiées sur 29 octobre 2020 (pdf), ou 13 novembre 2020 (pdf) – qui disait : « Dans les circonstances exceptionnelles actuelles, liées à la menace de l’épidémie, [télétravail] doit être la règle pour toutes les activités qui le permettent. Dans ce cadre, le temps de travail effectué à distance est porté à 100 % pour les salariés qui peuvent effectuer l’ensemble de leurs tâches à distance. “

La règle telle qu’énoncée est un minimum de trois jours par semaine de travail à domicile, idéalement quatre ou plus.

Cela ne concerne que ceux dont le travail peut être effectué à distance, ceux qui occupent des emplois nécessitant leur présence peuvent continuer à aller travailler et il n’y a pas (encore) de suggestion que les lieux de travail où le travail à distance est impossible (par exemple les cafés) seront fermés.

Qu’est-ce que cela signifie pour les employeurs et les employés?

Eh bien… Tout dépend de votre définition de « obligatoire ». Ce qui, il s’avère, n’est pas aussi facile à cerner que de simplement chercher dans le dictionnaire.

Une fois les règles renforcées ou assouplies, il appartient aux entreprises de les mettre en œuvre. L’une des premières questions, évidemment, est de savoir si un poste peut être un travail à domicile.

Certains, très clairement, ne sont pas des travaux qui peuvent être effectués à la maison. Certains, tout aussi clairement, le sont. Mais c’est à l’employeur et à l’employé de se mettre d’accord pour savoir si un poste particulier convient au travail à domicile. Parfois, il s’agit d’une décision entre les patrons et les employés ; parfois c’est une décision collective.

le accord national interprofessionnel (pdf) du 26 novembre 2020, détaille comment un accord peut être trouvé – de la convention collective ou de la charte, à un avenant au contrat de travail, ou même un simple accord par courrier électronique.

Mais il n’en reste pas moins que seule une minorité de travailleurs peut travailler à domicile. Un sondage publié par l’organisme gouvernemental la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) le 23 décembre a révélé que seulement 21 pour cent des employés travaillaient à domicile pendant au moins une journée en novembre. Seulement 6 pour cent ont travaillé à domicile tout le mois.

La même enquête a cependant révélé que 40% des employés travaillaient à domicile pendant le verrouillage du printemps 2020, indiquant qu’il y a une certaine marge de manœuvre.

Problèmes d’application

Toutes les entreprises n’acceptent pas l’idée de travailler à domicile, même lorsque cela est possible.

Patrick Martin, vice-président de la fédération patronale Mouvement des entreprises de France (Medef), a déclaré en réaction à l’annonce du Castex du travail à domicile obligatoire : « Trois jours de télétravail, s’il en fallait quatre, c’est beaucoup pour de nombreuses entreprises », qui selon lui aurait « des effets perturbateurs majeurs ».

Parallèlement, une étude publiée en septembre par le Syndicat général des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT indiquait que 98 % des salariés interrogés privilégient le télétravail partiel, mais pas plus de deux ou trois jours par semaine.

Une fois les règles du travail à domicile rendues obligatoires, se pose la question du contrôle du respect des règles. Un problème majeur est le manque de personnel pour s’assurer que les règles sont respectées.

Le syndicat CGT-TEFP a également longtemps appelé à un durcissement du cadre juridique concernant le télétravail, et a critiqué la faiblesse des sanctions encourues.

Le ministère de l’Emploi devrait proposer un amendement au projet de loi pour inclure “des sanctions administratives plus dissuasives et plus rapides”, à l’issue d’une réunion entre responsables et syndicats mardi.

Dans tous les cas, c’est l’entreprise qui est sanctionnée pour manque de télétravail, et non l’employé individuel.