Que faut-il pour être un “nez” : un créateur de parfums ?

Patricia de Nicolaï, directrice de la marque de parfums Parfums de Nicolaï, affirme que le talent naturel ne suffit pas.

“Il faut d’abord avoir une passion, je pense. On ne peut pas se contenter d’avoir un don. Tout don doit être travaillé et il ne peut être travaillé que si vous avez une passion, car il y a un côté extrêmement fastidieux à cela”, dit de Nicolaï, expliquant que parfois des centaines de tests différents sont faits pour le même parfum.

Chacun des parfums de Nicolaï contient entre 18 et 35 produits différents. Ces matières premières sont méticuleusement pesées, notées et évaluées, puis formulées en une multitude de combinaisons avant qu’une fragrance prometteuse ne soit trouvée.

Pour éviter de s’habituer à un seul parfum, de Nicolaï travaille chaque jour à de multiples essais sur plusieurs fragrances différentes.

“C’est très long. Parfois, on peut travailler pendant des semaines sur un parfum qui ne marchera pas forcément… il n’y a pas de règles mathématiques qui soutiennent la création de parfums. Contrairement à d’autres domaines, c’est très expérimental et empirique.

“Je ne pourrais pas lancer quelque chose que je n’aime pas. Je pense que le goût, mon goût personnel, donne cette signature olfactive à ma marque. C’est exactement ce que j’essaie de faire depuis le début de cette aventure qui a commencé il y a plus de 32 ans”.

Une affaire de famille

Patricia de Nicolaï est née dans l’une des familles de parfumeurs les plus anciennes et les plus connues de France : la maison Guerlain.

Immergée dans le monde des parfums dès son plus jeune âge, elle décide d’étudier la profession – bien qu’il s’agisse d’un secteur largement dominé par les hommes à l’époque. Elle pensait qu’un jour elle pourrait travailler dans l’entreprise familiale :

“Mon oncle était venu me dire : ‘Va te former, tu viendras un jour chez Guerlain’. Ce n’est jamais arrivé. Dans les années 1980, la marque Guerlain était encore gérée à 100% par la famille et en particulier par les hommes, notamment par le frère de ma grand-mère, qui n’auraient pas envisagé qu’une femme, ou une femme de la famille, puisse entrer dans l’entreprise, ce qui n’était jamais arrivé auparavant”, explique Mme de Nicolaï.

“Au début des années 1980, il y avait très peu de femmes parfumeurs. Cela a rapidement changé par la suite. Mais disons que j’étais un peu une pionnière.”

En 1988, de Nicolaï devient la première femme lauréate du Prix international des jeunes parfumeurs (Société française des parfumeurs) et elle fait le pari de lancer sa propre marque en 1989.

Plus de 30 ans plus tard, la marque est toujours aussi forte avec des magasins dans le monde entier.

En 2008, de Nicolaï a reçu le titre de Chevalier de la Légion d’Honneur, en reconnaissance de ses réalisations en tant que créatrice de parfums.