Un nouveau rapport scientifique de l’agence sanitaire française ANSES a confirmé un lien entre les nitrates contenus dans le jambon et la charcuterie et le développement du cancer de l’intestin.

Les sels de nitrite sont un type d’additif largement utilisé dans les produits de charcuterie tels que le jambon, le bacon et les saucisses, pour prolonger la durée de conservation des viandes transformées et donner au jambon cuit sa couleur rose. Il peut s’agir de E249, E250, E251 et E252.

En 2015, un Rapport de l’Organisation mondiale de la santé a classé la viande transformée comme cancérigène car la salaison – par l’ajout de nitrates ou de nitrites ou par le fumage – peut conduire à la formation de produits chimiques potentiellement cancérigènes.

En février dernier, le Parlement français a approuvé un projet de loi visant à réduire progressivement l’utilisation des nitrites dans les viandes salées et a ordonné une évaluation des risques potentiels pour la santé d’ici la fin du mois de juin.

Ce révisionréalisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et publiée mardi, a confirmé le lien entre ces additifs et le risque de cancer colorectal, également appelé cancer de l’intestin, en précisant que “plus de la moitié de l’exposition aux nitrites provient de la consommation de charcuterie, en raison des additifs utilisés pour sa préparation”.

Les résultats ont également confirmé “l’existence d’une association entre le risque de cancer colorectal et l’exposition aux nitrites et/ou aux nitrates, qu’ils soient ingérés par la consommation de viande transformée ou d’eau potable”.

“Plus l’exposition à ces composés est élevée, plus le risque de cancer colorectal est important dans la population”, peut-on lire dans le rapport.

“D’autres risques de cancer sont suspectés, mais les données disponibles ne permettent pas, à ce jour, de conclure à un lien de causalité”. L’agence recommande que des recherches complémentaires soient menées dans ce domaine pour confirmer ou infirmer ces relations”.

Pour limiter leur exposition aux nitrates et nitrites, l’agence sanitaire française conseille aux consommateurs de “limiter leur consommation de charcuterie à 150 grammes par semaine” et “d’avoir une alimentation variée et équilibrée, avec au moins cinq portions de fruits et légumes par jour”.

La fin du jambon rose ?

En conséquence, le gouvernement français a maintenant 12 mois pour définir une trajectoire de réduction ou de suppression progressive du conservateur.

Le législateur centriste français Richard Ramos, qui a été à la pointe de la lutte contre ces produits chimiques, est déjà prêt à demander une nouvelle fois leur interdiction.

“Il y a un lien entre le cancer colorectal et les nitrates dans la charcuterie, il faut donc interdire les nitrates”, a déclaré Ramos.

Actuellement, 90 % de toutes les charcuteries contiennent des nitrites, mais certaines des plus grandes entreprises, comme Herta ou Fleury Michon, appartenant à Nestlé et très populaires en France, expérimentent déjà des produits sans nitrites.

Cependant, les quelque 300 petites et moyennes entreprises du secteur auraient du mal à fabriquer leurs produits sans l’utilisation de nitrites, car l’absence de ce conservateur réduirait la durée de conservation et augmenterait le risque d’infection bactérienne.