Brigitte Macron, la “première dame” française a été la cible d’une campagne de désinformation vicieuse, qui prétend qu’elle est née de sexe masculin. Elle n’est pas la première figure féminine éminente à être la cible d’abus transphobes.

Une campagne de désinformation a ciblé ces derniers jours l’épouse du président français Emmanuel Macron, affirmant à tort qu’elle était née homme, ajoutant aux craintes concernant les fausses informations sur Internet à moins de quatre mois des élections présidentielles.

Brigitte Macron, 68 ans, a l’intention de porter plainte en justice pour désinformation. “Elle a décidé d’entamer des procédures, c’est en cours”, a déclaré à l’AFP son avocat Jean Ennochi, sans donner plus de détails.

La fausse affirmation avait pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux au cours des derniers jours, mêlant une forte opposition au centriste Macron à une idéologie d’extrême droite et à la transphobie.

Les fake news à caractère transphobe ciblant des personnalités politiques étaient très rares en France jusqu’à présent, mais ne sont pas un phénomène nouveau à l’échelle mondiale.

Parmi les femmes ciblées dans le passé figuraient l’ancienne première dame des États-Unis Michelle Obama, la vice-présidente américaine Kamala Harris et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.

Mais l’éruption d’attentats contre Brigitte Macron, survient alors que son mari, qui a fêté mardi ses 44 ans, s’apprête à mener ce qui devrait être une bataille tendue pour se faire réélire en avril.

La relation de Macron avec sa femme de 24 ans son aînée a comme toujours suscité un vif intérêt médiatique en France et à l’étranger. Ils se sont rencontrés pour la première fois lorsqu’elle a dirigé un cours d’art dramatique alors qu’il était encore un adolescent.

Ce n’est pas la première fois que le couple Macron est visé par des rumeurs ciblant le genre ou l’orientation sexuelle. Lors de la campagne électorale de 2017, lorsqu’il a été élu, Emmanuel Macron a dû démentir les allégations concernant son homosexualité présumée.

Depuis plusieurs mois, les messages se multiplient sur les réseaux sociaux affirmant que Brigitte Macron, née Brigitte Trogneux, est une femme transgenre dont le prénom de naissance était Jean-Michel.

Les fausses allégations allèguent qu’un vaste complot a été conçu pour cacher ce changement d’état civil et, poussant plus loin la théorie du complot, disent que les accusations de pédophilie ont été dissimulées.

Début lent de la tendance virale

Cette fausse nouvelle a d’abord circulé de manière très discrète.

La première de ces allégations semble avoir été faite sur Facebook en mars par un utilisateur se faisant appeler « Natacha Rey ». La page de ce « journaliste » fourmille de théories complotistes et de diatribes contre la soi-disant « dictature de la santé ».

Les publications de l’utilisateur mélangent des photos de famille et de prétendus documents d’état civil.

Ils ont été saisis par un autre utilisateur de Facebook pour inventer la théorie du complot selon laquelle Brigitte Macron est une « transgenre pédo-criminelle sataniste », un terme faisant écho au mouvement de conspiration QAnon qui est né aux États-Unis et prétend que le monde est gouverné en secret par un élite pédophile.

La diffusion des revendications a commencé mi-octobre avec la publication d’un article sur le supposé “mystère de Brigitte Macron” dans “Faits et Documents”, revue fondée en 1996 par le sombre écrivain d’extrême droite Emmanuel Ratier, décédé. en 2015.

« Natacha Rey » prétend être à l’origine de la soi-disant enquête.

Près de deux semaines après sa publication, le hashtag #JeanMichelTrogneux est apparu pour la première fois sur Twitter le 1er novembre avant d’être diffusé par un compte relativement peu suivi « Le Journal de la Macronie » qui est farouchement opposé au président, selon l’InVid We Verify outil d’analyse de données développé pour l’AFP.

Pendant près d’un mois, le hashtag n’a pas été très visible, mais a connu une montée en popularité spectaculaire à partir de début décembre.

Le 6 décembre, il n’a généré que 35 tweets, mais en a produit plus de 13 000 trois semaines plus tard.

Selon le dernier décompte d’InVid, le hashtag a jusqu’à présent généré 68 300 retweets et plus de 174 000 likes. L’interprétation de ces chiffres n’est pas sans ambiguïté puisque le décompte comprend à la fois ceux qui utilisent le hashtag pour promouvoir leur cause mais aussi ceux qui mettent en avant la tendance à la dénoncer.

Comme pour de nombreuses théories du complot, ses principaux promoteurs sont issus d’un mouvement très diversifié allant des Covid-sceptiques aux ultra-nationalistes français.

Selon InVid, le compte Twitter qui a posté le plus de messages sur cette fake news est ainsi dirigé par un partisan du « Frexit » — le retrait de la France de l’UE — tandis que l’utilisateur le plus retweeté dirige un média en ligne dénonçant la « propagande » sur l’Omicron Covid. une variante.