Ce que le projet de loi d'aide financière de la France a révélé sur la probabilité d'élections anticipées

Le ministre des Finances Bruno Le Maire s’adresse à l’Assemblée nationale lors des débats houleux sur la crise du coût de la vie. Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Une expérience salissante est en cours cette semaine sur la rive gauche de la Seine à Paris. C’est ce qu’on appelle la démocratie parlementaire.

En conséquence, les prix de l’essence et du diesel pourraient être subventionnés cet automne plus que prévu par le gouvernement – jusqu’à 30 centimes le litre, au lieu de 18 centimes. Les opinions peuvent différer quant à savoir si c’est une bonne chose dans la semaine où .

Pour la première fois en près de 30 ans, un président français et un gouvernement français doivent calculer, cajoler et faire des compromis pour faire passer les affaires de base par l’Assemblée nationale. Un paquet de 20 milliards d’euros de mesures anti-inflation progresse, comme un escargot, à travers la chambre basse du parlement où les élections de juin ont laissé aux alliés du président Macron 39 sièges en deçà d’une majorité globale.

Il y a 20 articles dans le forfait sur le coût de la vie. Après trois jours, les députés en ont approuvé cinq, dont une augmentation de 4% des pensions et des prestations sociales. L’assemblée devra siéger jusqu’à tard samedi – en juillet, pas moins – pour respecter son calendrier et envoyer le plan du gouvernement, et les amendements budgétaires y afférents, au Sénat la semaine prochaine.

Le fait qu’un quart du paquet ait déjà été convenu laisse penser que la Première ministre Elisabeth Borne et son gouvernement trouveront une manière minimale de gouverner au cours des prochains mois.

Mais les articles les plus contestés – notamment comment réduire le coût de l’essence et du diesel – n’ont pas encore été atteints.

Le gouvernement veut supprimer progressivement sa subvention existante de 18 centimes par litre sur les prix à la pompe à partir d’octobre et la remplacer par des paiements directs aux personnes qui utilisent leur voiture pour le travail ou qui doivent se rendre au travail en voiture. Les groupes d’opposition de droite et de gauche veulent des réductions massives des taxes sur l’essence et le diesel pour tous.

Selon des fuites dans les médias français, le gouvernement travaille actuellement à un compromis avec le centre-droit Les Républicains (LR)). Le centre-droit voulait à l’origine baisser la TVA pour réduire le prix à la pompe à 1,50 € le litre (tout en se plaignant du déficit et de la dette de l’Etat).

La direction des Républicains et le gouvernement ont provisoirement convenu que la subvention existante de 18 centimes par litre devrait être portée à au moins 30 centimes à partir d’octobre et supprimée progressivement à partir du Nouvel An. Les paiements proposés aux automobilistes à kilométrage élevé disparaîtraient.

Reste à savoir si l’ensemble des 61 députés de centre-droit – plus qu’assez pour donner une majorité au gouvernement – ​​acceptera cet accord. Les deux premières semaines de la nouvelle assemblée ont montré que deux des trois principaux groupes d’opposition – la gauche et le centre-droit – sont eux-mêmes très divisés.

Le gouvernement a perdu un vote tard dans la nuit sur une mesure anti-Covid relativement mineure la semaine dernière parce que certains députés de centre-droit ont défié leur propre leadership et ont voté contre.

Le paysage de la nouvelle assemblée est globalement le suivant.

L’extrême gauche La France Insoumise et les Verts s’opposent à presque tout. Ils crient beaucoup et déposent des motions qui insultent le gouvernement. Ils se plaignent également que le gouvernement refuse de travailler avec eux.

Leurs objectifs sont de montrer leur soutien de base en : a) s’opposant à Macron à chaque tournant b) défiant la convention parlementaire.

Le reste de la gauche – les socialistes et les communistes – est plus calme. Ils s’opposent à la plupart des mesures du coût de la vie comme étant inadéquates mais s’abstiennent plutôt que de voter contre.

Le Rassemblement national d’extrême droite tente d’embarrasser le gouvernement et la gauche en se montrant sérieux et constructif. Ils se sont opposés à la plupart du paquet mais ont voté pour certains articles et se sont abstenus pour d’autres.

Le gouvernement refuse de négocier avec l’extrême droite mais – à son grand désarroi – a besoin qu’ils s’abstiennent, au moins, sur les questions clés.

Le centre-droit Les Républicains (LR) est le groupe pivot. Ils sont très courtisés par le gouvernement mais indisciplinés et peu fiables. Certains d’entre eux sont plus proches de l’extrême droite que du centre de Macron.

Il est possible que le LR se divise dans les mois à venir, mais tout sous-groupe de centre-droit compatible avec Macron est susceptible d’être bien en deçà des 39 voix supplémentaires dont le gouvernement a besoin.

Le paquet sur le coût de la vie – et peut-être plus encore les amendements budgétaires connexes – sont un test important de la capacité du gouvernement à gouverner. Jusqu’à présent, dans ses relations avec l’Assemblée, la Première ministre Elisabeth Borne s’est montrée plus avisée politiquement que beaucoup ne l’avaient imaginé.

Le paquet survivra, quelque peu battu, pour passer à la chambre haute la semaine prochaine et revenir à l’assemblée pour un vote final au début du mois prochain. Mais c’est la partie facile.

Même s’ils n’aiment pas les détails, la plupart de l’opposition très fragmentée ne veut pas sembler bloquer la réduction de l’inflation. L’assemblée vote, lentement et péniblement, cette semaine sur quelque chose que les Français veulent.

Comment le gouvernement, sans majorité parlementaire, peut-il faire passer des choses dont la France ne veut pas ? Comme la réforme des retraites.

Il n’y a pas de réponse évidente à cette question. Mon pari serait toujours sur une nouvelle élection parlementaire l’année prochaine.